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Sandra Laugier (CNRS)

Claude Ferrand (ATD Quart Monde)

Marcel Jaeger (Cnam),

Sandra Laugier : Comme cela a été dit à de nombreuses reprises, en particulier ce matin par le Ministre, je crois que c’est vraiment un événement tout à fait unique. Je crois que vous avez tous eu cette sensation d’arriver à organiser ces discussions ici avec tous ces partenaires. Et bien entendu maintenant, comme cela a été dit aussi, c’est que ce ne soit pas seulement un événement, c’est déjà magnifique d’avoir travaillé tous ensemble. Donc la question est de savoir comment nous allons poursuivre cette collaboration qui a été engagée. Je me souviens le jour où nous nous sommes parlés la première fois pour réaliser cet événement, nous n’imaginions même pas que c’était possible à ce moment-là. Nous y sommes arrivés et on ne peut que se féliciter. Maintenant, il va falloir vraiment aller plus loin dans cette collaboration et arriver à ce projet d’espace et voir comment structurer notre action ensemble pour le faire avancer.

 

Claude Ferrand : Dans « l’Appel pour le développement des recherches participatives en croisement des savoirs »rédigé par les participantsdu « Séminaire sur l'épistémologie des recherches participatives et en croisement des savoirs et des pratiques avec des personnes en situation de pauvreté » qui s'est tenuen novembre 2015 au Cnam, il est écrit que les participants du séminaire créent un espace collaboratif pour approfondir et avancer sur les questions du point de vue éthique, méthodologique et épistémologique que pose ce type de recherche et que nous avons abordées aujourd’hui. Cet espace collaboratif s’est constitué aujourd’hui et on veut le formaliser dans les semaines et les mois qui viennent. Il faudra prendre en compteles réflexions du séminaire et de ce colloque pour arriver à mieux cerner cet espace que nous voulons tripartite : avec des équipes de recherche, des professionnels de différentes institutions, des formateurs et aussi des associations dans lesquelles les personnes en situation de pauvreté prennent la parole et construisent leur savoir.

Marcel Jaeger : D’abord, sur le principe de poursuivre, on est partant, ça tombe sous le sens, y compris sous des formes de conventionnement, de façon à pérenniser cet outil de travail. Les formes, elles peuvent être de deux catégories : il y a l’idée d’une plate-forme collaborative parce qu’une des préoccupations qu’on peut avoir c’est d’arriver à recenser, à identifier tout ce qui se fait, parce qu’il se fait énormément de choses en réalité, on les découvre en échangeant entre nous. C’est un problème assez ancien au sens où nous y avons été confrontés lors des États Généraux du Travail Social, comment peut-on capitaliser des expériences significatives, innovantes, inspirantes ? Il y a véritablement le besoin d’avoir un moyen, y compris technique, parce que ça pose aussi la question des moyens informatiques.

Ensuite, il y a un autre volet qui n’est pas seulement de l’ordre de l’outillage purement technique, qui est celui de la nature des rencontres qui se poursuivent. C’est important, c’était le sens d’ailleurs de l’intervention de Patrick Brun ce matin, d’avoir en tête les difficultés, les obstacles, les points de dissensus, de façon à faire en sorte qu’on ne soit pas seulement dans le recensement de bonnes pratiques, mais qu’on soit aussi dans la capacité d’avoir des moments de débat, des points de désaccord.

Il y a aussi un autre aspect qu’on a évoqué tout à l’heure des collaborations internationales. Il faut savoir qu’actuellement, il y a l’Université de Sherbrooke qui a obtenu de l’argent pour cela, qui se prépare, je pense à Paul Morin qui est le directeur de l’Université de Sherbrooke, mais il y en a d’autres qui travaillent exactement sur les mêmes choses que nous, y compris sur l’élaboration d’un guide.

Donc il y a ces deux aspects, à la fois des éléments pratiques sur lesquels il faut se mettre d’accord et il y a à faire vivre un rassemblement, car la plate-forme collaborative n’a de sens que si elle vit. On peut en discuter.

Je voudrais ajouter un mot à propos des difficultés. Vous l’avez évoqué à de nombreuses reprises, c’est la question du langage, des codes qu’on utilise les uns les autres. Il y a aussi un préalable aux échanges, non seulement notre capacité aux uns et aux autres d’entendre ce qui se dit, mais aussi de se faire comprendre. Nous-mêmes, au Haut Conseil du Travail Social, on est en train de terminer un rapport sur la participation des personnes accompagnées dans les instances de gouvernance et dans les formations des travailleurs sociaux, et là on bute sur le fait que les personnes accompagnées elles-mêmes disent : c’est bien que vous parliez de nous, mais on aurait quand même voulu avoir une compréhension plus aisée de ça. Du coup, on peut se dire que la thématique de la recherche est étroitement liée à la thématique de la formation. La voie de passage est là-dedans, parce que ce n’est pas uniquement le problème que l’on a par rapport à une conception académique de la recherche, d’avoir quelque chose qui soit très sophistiqué etc., mais c’est aussi le problème de la diffusion, de la mise en débat et en amont et en aval de la recherche.

Claude Ferrand : Encore un mot. La question qui nous est posée par rapport à la population au bas de l’échelle sociale, c’est de lui assurer des arrières, des sécurités, afin qu'elle puisse participer au croisement des savoirs. On a tendance souvent à s’appuyer sur les plus dynamiques parce que ça va plus vite, mais notre souci, c’est de retourner toujours vers celles et ceux qui n’ont pas encore voix au chapitre car leur parole et leur questionnement sont indispensables pour la destruction de la misère et donc le progrès de la démocratie.

Aux côtés des organisateurs du colloque, je voudrais nommer le collectif qui a contribué activement à ce colloque : Hugues Bazin, Marion Carrel, Cyril Fiorini, André Moisan, Philippe Warin.

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