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1er mars 2017 - Colloque co-organisé par le CNRS, ATD Quart Monde et le Cnam*

au CNRS, 3 rue Michel Ange, Paris 16ème (métro : Michel Ange-Auteuil)

 Si les recherches participatives se développent dans de nombreuses disciplines, rares sont celles qui organisent concrètement la participation des non-scientifiques tout au long du processus de recherche. Elles n’incluent généralement pas les plus éloignés de la parole publique. Le croisement des savoirs avec les personnes en situation de pauvreté constitue ainsi un double enjeu et une ambition épistémologique.

 Le premier enjeu scientifique consiste à concevoir la recherche autrement, partant du principe que les formes de savoirs et d’expérience sont plurielles. Il s’agit de croiser les savoirs tout au long du processus de recherche, de l’élaboration de la question de la recherche à l’analyse et à la diffusion des résultats, en passant par le choix des objets d’étude, des hypothèses et méthodes d’enquête. Si la dimension démocratique, émancipatrice, d’une telle démarche semble évidente, sa dimension épistémologique doit être consolidée. En quoi la co-production de la recherche entre chercheur.e.s, professionnel.le.s, militant.e.s et profanes apporte des connaissances nouvelles? Quelles exigences fait-elle peser sur l’exercice de la recherche?  

 Le second enjeu scientifique, à la suite des épistémologies féministes ou post-coloniales qui ont souligné l’importance des savoirs situés, est la reconnaissance des savoirs des personnes en situation de pauvreté. Les recherches menées en croisement des savoirs depuis plus de vingt ans démontrent que la science est meilleure si elle fait place au « savoir situé des pauvres ». Ce savoir est issu de l’expérience de la survie au quotidien, de la honte et du silence mais aussi de l’entraide. Il est construit au sein d’une démarche collective. Si le croisement des savoirs concerne toute la société, l’organiser avec les personnes en situation de pauvreté demande des exigences particulières, apporte des connaissances inaccessibles aux seul.e.s chercheur.e s et questionne les rapports sociaux inégalitaires dans la production et la validation du savoir. 

Parce que les savoirs des personnes en situation de pauvreté sont habituellement peu visibles, parce que leur reconnaissance questionne les liens entre production des savoirs et rapports sociaux inégalitaires, ces recherches posent des questions éthiques, scientifiques et pratiques aux chercheurs comme aux professionnels, militants et personnes en situation de pauvreté.

 Sur ces enjeux cruciaux pour la science et la démocratie, le colloque constitue l’occasion d’initier un espace collaboratif d’un type nouveau, au sein duquel chacun.e pourra contribuer aux recherches et faire avancer la réflexion sur les questions d'ordre éthique, méthodologique et épistémologique que ce type de recherches soulève. Cet espace a également comme objectif de progresser dans leur reconnaissance institutionnelle et dans leur importance politique et sociale. Une telle démarche concerne la recherche, la formation et l’action publique. 

 

1   Avec un collectif de chercheurs et d’acteurs professionnels et associatifs ayant participé au "Séminaire sur l'épistémologie des démarches participatives et en croisement des savoirs avec des personnes en situation de pauvreté" (2015-2016), organisé par ATD Quart Monde, Cnam et ODENORE : Hugues Bazin, Laboratoire d'innovation sociale par la recherche-action ; Marion Carrel, Groupement d'intérêt scientifique démocratie et participation ; Cyril Fiorini, doctorant Laboratoire HT2S (Cnam) ; Aude Lapprand, Sciences Citoyennes ; Philippe Warin, PACTE/Observatoire ODENORE-Université Grenoble-Alpes.
Voir l’Appel pour le développement des recherches participatives en croisement des savoirs, issu de ce séminaire

 

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